Mais quelle aventure depuis le 1er juillet 2021 ! Expulsés. Empaquetés. Démontés. Entassés. Empilés. Palettisés. Chargés. Acheminés. Déchargés en terre étrangère. Et tout cela en seulement quelques mois… Quel choc ! S’ensuivit un autre choc : celui du départ de notre principal inspirateur, notre bien-aimé et précieux Pierre, parti en quelques jours suite à une opération médicale qui a mal tournée… L’hiver 2021-22 a duré une éternité.
C’est sur ces terres intérieures brûlées que commencent à repousser nos petites graines de vie, en même temps que s’annonce le printemps.
Poussés par la direction du vent, emmenés en Haute-Garonne, nous avons fondé en quelques semaines, à une douzaine, l’Oasis de Poul’Art… Sur un domaine d’une trentaine d’hectares, nous en occupons désormais dix en bail emphytéotique pour les cinquante prochaines années. Le lieu est riche de potentiels, et il nous semble déjà que nous le côtoyons depuis des années comme un vieil ami familier qui recèle cependant encore quelques secrets… L’implantation à Rieumes a été à la fois évidente et semée de défis. Car l’exploitation que nous reprenons est quasi à l’abandon depuis des années, et les travaux ne manquent pas pour la réhabiliter des sous-sols aux toitures, en passant par les murs, les plafonds, les clôtures, les terres, les forêts… Nous voilà bien occupés, et l’avenir s’annonce riche de projets et de rencontres.
Au passage, nous avons rencontré de nouveaux partenaires, tous entrepreneurs dans leur domaine, et créé la SCIC SAS Oasis de Poul’Art avec l’accompagnement et le soutien de la Coopérative Oasis, dédiée à l’émergence des oasis en création.
Cela paraît presque surréaliste de rebondir ainsi sans transition ou presque d’une oasis à l’autre, mais le temps et les circonstances ne nous ont pas tellement laissé le loisir d’hésiter. Car il fallait bouger toute une infrastructure, des quantités de matériel (500 m3), le tout dans un délai accéléré par la menace de payer 50 € par jour supplémentaire de présence au Hameau des Buis. Oui, ce fut une situation extrêmement maltraitante, mais il faut croire que l’univers savait où nous mettre à l’abri, rapidement et efficacement. Merci à Michel, notre propriétaire et bienfaiteur pour son ouverture à imaginer son lieu en oasis avec conviction et détermination. Nous avons été merveilleusement accueillis.
Et l’école dans tout ça ? Et bien elle attend patiemment, dans ses cartons, les murs qui pourront la voir s’épanouir de nouveau. Notre premier projet, l’ouverture de l’école dans les gîtes de Poul’Art, a été bloqué par la Mairie sur les bases d’une interprétation du PLU en défaveur des installations non-agricoles sur notre zone. Nos arguments (école à la ferme historique depuis 1999) n’ont pas été entendus. Nous recentrons le projet d’ouverture sur d’autres bâtiments, et attendons patiemment que le moment soit venu. C’est un suspens difficile pour les 80 familles qui souhaitent une école différente pour leurs enfants et les ont pré-inscrits à la Ferme des Enfants. Nous restons confiants : « chaque chose en son temps » est un adage qui se prête parfaitement à notre situation. Tout va très vite, et l’intensité avec laquelle nous souhaitons ces projets ne doit pas nous empêcher de prendre le temps pour trouver les solutions adaptées…
Avant l’été, nous aurons mis en place le projet agricole, l’accueil au camping, et le restaurant-café. Les activités forestières offrent déjà du service aux alentours : élagage, broyage de branches à domicile, taille… Bientôt : bois de chauffage.
Depuis le début de l’année, nous accueillons les bénévoles qui souhaitent venir aider à l’oasis. L’ambiance est conviviale et joyeuse, et le travail ne manque pas pour occuper toutes les bonnes volontés et nourrir la raison d’être : prendre soin de soi, des autres, de la terre.